Sélectionné au festival de Cannes 2020 et doublement primé au festival d’Angoulême (meilleur acteur pour Sofian Khammes et Pierre Lottin ex-aequo ainsi que le Valois du public), Un triomphe est une heureuse surprise signée Emmanuel Courcol, un réalisateur dont le premier long-métrage de fiction Cessez-le-feu avec Romain Duris nous avait plutôt laissés indifférents.
Loin de se réduire à un énième feel-good movie dopé aux bons sentiments et cousu de fil blanc, Un triomphe se démarque de nombreuses comédies françaises par sa construction et son refus des simplifications et de l’angélisme. Il n’oublie pas pour autant d’être touchant, drôle et généreux. Nous sommes donc très heureux de vous le proposer en avant-première dimanche 27 juin à 18h15, avant sa sortie nationale prévue le 1er septembre prochain.

L’HISTOIRE : Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie.

Naissance du projet

Un triomphe s’inspire d’une histoire vraie, celle de Jan Jönson, un comédien suédois qui, en 1985, a monté la pièce « En attendant Godot » avec les détenus d’une prison de haute sécurité. Le jour de la première publique à Göteborg, cinq des six acteurs se sont évadés… C’est le producteur d’Emmanuel Courcol, Marc Bordure, qui a parlé de cette histoire au réalisateur. Ce dernier se rappelle :

« Il fallait tout réinventer parce que le milieu carcéral suédois des années 80 était très éloigné des prisons françaises d’aujourd’hui. En tant que simple scénariste, je bloquais un peu et après avoir pas mal tourné autour du pot, le projet est un peu tombé en sommeil… Marc m’a seulement dit : ‘prends ton temps, je le garde pour toi…’ Je suis revenu à la charge auprès de lui en 2016. J’avais eu le temps de réfléchir, et je lui ai proposé de repartir sur le projet en restant beaucoup plus fidèle au fait divers dont il s’inspirait. »

Tourner dans une vraie prison

Un triomphe a été tourné au Centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, où Emmanuel Courcol avait réalisé son documentaire Douze cordes en 2019 (centré sur un spectacle de huit détenus imaginé par Irène Muscari, coordinatrice culturelle du Service pénitentiaire d’insertion et de probation). Le metteur en scène explique :

« Ils me connaissaient et j’avais des alliés dans la place, dont bien-sûr Irène Muscari qui nous a beaucoup aidés à organiser ce tournage où tout devait être minuté et prévu au millimètre. Il faut dire qu’accueillir pendant huit jours toute une équipe de cinéma, acteurs, techniciens, figurants, dans une prison de 900 détenus en activité, c’est un vrai casse-tête. C’est la première fois que l’Administration pénitentiaire accordait une telle possibilité à une production. Mais nous avons été très bien reçus par la direction et les personnels se sont montrés très coopératifs. Kad a même été acclamé par les détenus. »

Autour de Kad Merad

Transposés dans une réalité française contemporaine, les personnages de Un triomphe sont totalement différents de leurs modèles suédois et sont le reflet de la diversité propre à la population carcérale française. Sofian Khammes, Pierre Lottin, David Ayala, Wabinlé NabiéLamine Cissokho et Saïd Benchnafa incarnent les détenus. Face à eux, Emmanuel Courcol voulait prendre deux grands acteurs (hormis Kad Merad) : Marina Hands en directrice très axée sur la réinsertion (un personnage inspiré de la directrice du Centre pénitentiaire de Nantes) et Laurent Stocker en directeur de théâtre.

Sofian Khammes en détenu

A noter la présence de Sofian Khammes dans la peau de Kamel, le caïd de la prison, habitué à jouer des délinquants comme en témoignent ses prestations dans ChoufLe Convoi et Le Monde est à toiEmmanuel Courcol précise : « J’avais imaginé un grand mec impressionnant, mais quand je me suis retrouvé face à Sofian, que j’ai vu son intelligence de jeu, je me suis dit que c’était lui. Un caïd, c’est une intelligence supérieure, un sens de la manipulation, pas une carrure… Sofian a fait le Conservatoire, il a une vraie culture, une vraie technique. Il fallait que les comédiens soient crédibles en détenus et en même temps qu’il se passe quelque chose quand ils interprètent Beckett. Pour lui, c’était une évidence. On lui a dessiné une cicatrice au maquillage, pour ajouter encore à l’ambigüité du personnage. Kamel est un braqueur, avec lui, on se rapproche du grand banditisme. »